Au lancement de la surveillance du système d’alerte canicule et santé qui a débuté le 1er juin et à l’occasion de la Journée mondiale de l’environnement, Santé publique France publie le bilan national de l’impact sanitaire des épisodes de fortes chaleurs de 2017 ainsi qu’un numéro spécial du bulletin épidémiologique hebdomadaire sur les impacts sanitaires de la chaleur dans un contexte de changement climatique.

Les vagues de chaleur sont un exemple directement mesurable des risques sanitaires posés par le changement climatique sur la santé. Malgré une prévention importante au travers du plan national canicule, des impacts sanitaires sont observés chaque année. Les réduire, tout en faisant face à des vagues de chaleur plus fréquentes, est un défi pour la santé publique car il nécessite de combiner une prévention très rapide pendant les alertes, à des interventions de fond pour rendre les villes plus résistantes face à la chaleur.

« Les canicules récentes sont plus fréquentes, plus intenses et surviennent à des périodes ou dans des départements encore jamais touchés »

La France a connu 6 épisodes de chaleur au cours de l’année 2017 dont deux vagues de  chaleur notables, du 17 au 24 juin et du 31 juillet au 7 août : la première marquée par sa précocité et son étendue, le deuxième par son intensité dans le Sud. Pour la première fois depuis la mise en place du plan canicule en 2004, l’ensemble des départements métropolitains ont été placés en vigilance canicule jaune ou orange au moins une fois au cours de l’été.

Chiffres clés 2017 – L’essentiel à retenir

  • Deux pics et 4 quatre vagues de chaleur ont marqué l’été 2017
  • 9 départements placés en vigilance orange pour la première fois depuis la mise en place du plan national canicule
  • 8 000 passages aux urgences pour des causes liées à la chaleur, dont 1187 pour les enfants de moins de 15 ans (en période de vigilance canicule)
  • 2 760 consultations SOS Médecins pour des causes liées à la chaleur, dont 921 concernaient des enfants de moins 15 ans et 1 115 des adultes de moins de 75 ans (en période de vigilance canicule)
  • 474 décès en excès sur l’ensemble des périodes de dépassement des seuils d’alerte, soit une augmentation de 5% de la mortalité par rapport à celle observée sur les mêmes périodes les années précédentes
  • 10 décès sur le lieu de travail et potentiellement liés à la chaleur dont 7 pendant le pic de chaleur de juin
  • 500 000 documents de prévention  diffusés avant l’été sur le territoire et une communication renforcée par la diffusion de spots radio et TV, et des campagnes d’affichage pendant les vagues de chaleur

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« Dans les prochaines années, le nombre et l’intensité des vagues de chaleur vont continuer à augmenter »

Dans le contexte de changement climatique, des événements aussi graves que la canicule de 2003 se produiront de plus en plus fréquemment. Si les émissions de gaz à effet de serre, responsables de l’augmentation des températures, ne sont pas réduites, des canicules plus intenses et d’une durée cinq fois plus longue que celle de 2003 pourraient survenir en France.

Vagues de chaleur observées en France métropolitaine de 1947 à 2017 et projections 2017-2100

En 10 ans, près de 200 épisodes de fortes chaleurs identifiés

Entre 2004 et 2014, 196 vagues de chaleur ont été identifiées dans les départements de France métropolitaine. Chaque année, plusieurs vagues de chaleur sont observées mais 2006 se distingue avec 76 vagues de chaleur réparties sur 65 départements. Cette année-là, les Alpes-Maritimes et le Rhône ont été les plus impactés avec respectivement 8 vagues de chaleurs sur une durée totale de 42 jours et 10 vagues de chaleurs sur 58 jours. Les plus longues périodes de chaleur ont duré 12 jours et ont été relevées dans les départements des Landes, du Rhône, de Paris, des Hauts de Seine, de Seine-Saint-Denis et du Val-de-Marne. Une surmortalité de 1 562 décès a été observée pendant les périodes strictes de dépassement des seuils d’alerte, la majorité concernant 2006.

«  Ces trois dernières années, les étés présentent des caractéristiques nouvelles notamment en terme de temporalité, d’extension géographique ou de records locaux de chaleur »

Entre 2015 et 2017, les vagues de chaleur ont été particulièrement précoces ou tardives (juin et septembre). Les températures ont battu des records localement notamment en Corse en 2017 et dans le Grand-Est en 2015. Le nombre de décès en excès observé en 2015 est supérieur à celui de 2006 et il est le plus élevé depuis 2004. Les vagues de chaleur des étés 2015 à 2017 sont remarquables par des périodes de survenue s’étendant entre juin et septembre, une extension géographique importante et des intensités localement très élevées. L’évolution des périodes incite à développer une prévention ciblant davantage les expositions en milieux scolaires et professionnels, et à la renforcer dès le niveau de vigilance jaune.

EN SAVOIR PLUS : S’ADAPTER A LA CHALEUR DANS UN CONTEXTE DE CHANGEMENT CLIMATIQUE

Comment s’organise la surveillance sanitaire des impacts des vagues de chaleur ?

Depuis 2004, la France a mis en place un plan national canicule destiné à réduire les impacts sanitaires des vagues de chaleur. Ce plan s’appuie sur le système d’alerte canicule et santé pilotée par Santé publique France en lien avec Météo-France dont l’objectif est d’identifier les périodes où la chaleur présente un risque pour une grande partie de la population. Ces périodes sont alors placées en différents niveaux de vigilance jaune, orange ou rouge. Chaque jour, le niveau de risque est évalué en comparant les prévisions d’indicateurs météorologiques avec les seuils d’alerte départementaux et une analyse de la situation est menée par Météo-France, Santé publique France et les préfets pour protéger au mieux la population.

En cas de vigilance jaune, orange ou rouge, une surveillance sanitaire est mise en œuvre par Santé publique France pour identifier rapidement un impact inhabituel afin d’adapter les mesures de gestion à mettre en place et décrire les impacts observés. En période de vigilance, des bilans sur l’évolution des indicateurs nationaux et régionaux sont transmis aux autorités sanitaires et un bilan global est réalisé en fin d’année.

Villes et canicule : la réduction des ilots de chaleur urbains dans les projets d’aménagements urbains

Un îlot de chaleur urbain est un phénomène caractérisé par des températures plus chaudes à la ville qu’à la campagne en lien avec l’emprise du bâti et des surfaces artificielles ainsi sur la consommation d’énergie intra-urbaine.

La nécessité d’adapter les villes aux changements climatiques pour protéger la santé des citadins commence à s’imposer. Les recommandations issues de la concertation nationale du plan national d’adaptation au changement climatique soulignent le besoin de renforcer la prise en compte des impacts sanitaires dans l’adaptation des villes et du cadre bâti, et de développer des outils pour prévoir ces impacts. Pour être efficace, cette prévention doit combiner des actions d’urgence lors des canicules et des interventions de fond visant à tempérer les villes. C’est pourquoi, certaines villes prennent en compte la réduction des ilots de chaleur dans leurs projets d’aménagement urbain en valorisant la modération thermique que peuvent procurer les espaces verts irrigués, perçus comme une piste prometteuse pour réduire l’exposition locale aux températures chaudes.

Le partage d’expérimentations en vue de dégager des bonnes pratiques est une piste majeure de progrès dans la prévention des effets de la canicule.

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Source: www.biopeps.fr